Conférence "Enfants perdus de Lozère"

Conférence de Dominique Fraissinet (autrice, documentaliste), proposée dans le cadre du cycle de conférences de l'Université Nyonsaise du Temps Libre.
Entrée libre pour les adhérents (participation de 7€ pour les non-adhérents).

C'est toute l'histoire de Victoire qui vécut sur le causse de Sauveterre, sur les hauteurs des Gorges du Tarn, il y a 193 ans.
Grâce à un conséquent travail d'enquête, s'appuyant sur des archives d'époque, Dominique Fraissinet a compris que cette femme, mère célibataire, victime de grossesses plus ou moins désirées n'a eu d'autre choix que d’abandonner ou de déposer ses nouveaux-nés dans le tour d’abandon situé à la porte des hospices du département.

L'autrice / documentaliste n'écarte pas l'idée que ces abandons et leur prise en charge par les hospices aient pu être un acte d'amour de la part des mères qui nourrissaient l'espoir de donner à leurs enfants une vie meilleure. C'est, en tout cas, ce qui s'est passé pour Jean-Antoine, Simphorien, Alphonse, Berthe, Pauline, Marie Julie qui ont vécu leur vie dans des conditions identiques aux enfants des milieux ruraux de cette époque.

L'histoire de Victoire permet de brosser le tableau du contexte sociologique et des mœurs de l'époque en décrivant les pratiques d'une assistance publique, qui, pour éviter les infanticides, permet les abandons en garantissant l'anonymat des mères.
Si les politiques publiques ont évolué dans la prise en charge des difficultés familiales et celles des enfants, il est frappant de constater à quel point le statut des femmes reste précaire.
Les grands absents de cette histoire sont les hommes et Dominique Fraissinet ne peux s'empêcher de faire un parallèle avec l'actualité et la dénonciation massive des violences faites aux femmes.

Ce travail d'enquête est aussi un moyen de rendre justice à Victoire, qui a porté les conséquences pénales d'un acte pour lequel la Cour d'Assises de la Lozère, en 1859, l'a condamnée à cinq années d'emprisonnement pour la disparition de son dernier enfant. N'a-t-elle pas payé pour toutes ces mères-célibataires que la société condamnait ?
C'est en puisant dans les archives départementales de la Lozère qu'est retracée l'histoire de cette femme et Mme Fraissinet veut bien porter le nom de conteuse d'histoire ou d'histoires en même temps que celui d'une généalogiste pour, presque deux cents ans plus tard, tenter de réhabiliter Victoire.

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